Visite du séchoir solaire à plantes de Didrouz
À Plouguerneau, en Finistère nord, Didrouz est une ferme de plantes aromatiques et médicinales. Aude y utilise un séchoir autoconstruit utilisant des panneaux solaires thermiques et photovoltaïque.
À Plouguerneau, en Finistère nord, Didrouz est une ferme de plantes aromatiques et médicinales. C’est là qu’exerce Aude à mi-temps depuis 3 ans : à partir des plantes qu’elle cultive et de cueillette sauvage, elle élabore tisanes, aromates, jus de pomme, sirops, sels et sucres aux plantes, purée, etc qu’elle commercialise localement en vente directe.
Le séchage se fait dans un séchoir à énergie solaire construit sous les combles d’un des bâtiments de la ferme par Pierre-Yves. En se basant sur l’expérience d’un premier séchoir 100% électrique de 2.1m² de claies (résistance avec hystérésis) et beaucoup de recherches internet, il a fabriqué ce séchoir composé de 3 caissons (dont seuls 2 sont utilisés pour le moment).
Structure
Les caissons (parois, portes et sol) sont construits en OSB 16mm sans formaldéhydes (peu courant) et en tasseaux de résineux non traités. Découpés à la scie circulaire, l’assemblage est réalisé à l’aide de visserie inox. Les claies (60x60 cm) sont faites des mêmes tasseaux, vissés avec des équerres, et tendue de gaze de cotton, bouillie pour les renforcer. Les claies sont bien ajustées sur l’échelle pour forcer le passage d’air à travers les plantes.
Un ventilateur (60W, 552m3/h) assure la ventilation par insufflation de chaque caisson.
Le temps et l’argent consacrés à la construction du séchoir n’ont pas été précisément comptés. Le budget hors systèmes solaires est approximativement de 700€ : 3 ventilateurs (50€/u. en occasion, 95-115€ en neuf sinon), tasseaux pour 16 claies (~150€ en GSB), tasseaux pour échelles (~150€), OSB (~120€ pour 10.1m² posés) et les petites fournitures (visserie, gaines, sondes température/hygrométrie, …).
Côté énergie, le séchoir utilise la chaleur captée par les 12 panneaux solaires thermiques alimentant la maison attenante et stockée dans un ballon de 2500 litres ainsi que l’électricité de panneaux photovoltaïques stockée dans une batterie. Il n’y a pas de déshumidificateur (dimensionnement : 1L/24h/m² de claies), bien qu’un espace ait été prévu si besoin.
Usage et fonctionnement
Le séchoir fonctionne de début avril à fin octobre, voire plus longtemps avec moins de chauffage (un caisson était toujours en fonctionnement lors de notre visite le 20/11).
Chaque caisson comporte une échelle de 8 claies et permet de sécher 2.88 kg de plantes fraîches. La température d’utilisation varie de 20 à 35 voire 37.5°, en fonction de la température ambiante et de l’accumulation de chaleur solaire. En fonction des plantes et des conditions de température et d’hygrométrie, une rotation (=une session de séchage complète) dure 3 à 4 jours.
L’eau chaude du ballon solaire circule dans un radiateur situé dans la chaufferie, sous le séchoir (puissance approx. : 700W de chaleur). Ce radiateur est à l'aplomb de la prise d’air (intérieure, donc) du séchoir. L’air chaud est aspiré par une ouverture dans le plancher du séchoir dans une chambre tampon. Le ventilateur de chaque caisson prend cet air et le souffle en partie basse. L’air passe à travers les claies (produits les plus secs en bas) et sort par une ouverture (fermable en cas d’inutilisation) pratiquée dans la goulotte d’évacuation d’air, en partie haute du séchoir. Il va dans une chambre située au-dessus de la chambre tampon où il peut soit être évacué (cas actuel, 2 gaines vers sortie en toiture) soit recyclé (si utilisation d’un déshumidificateur, en boucle fermée). Les sections de passage d’air sont constantes ou augmentent (et s'additionnent !) au fil du cheminement de l’air.
Des plantes humides peuvent être séchées (rosée, pluie). Seuls les pétales de coquelicot superposés peuvent poser problème. Des séchages de fruits (pommes, coing, rhubarbe, …) en quantité sont également réalisés en fin de saison (octobre) sans soucis.
Retours sur l’utilisation
- L’espace de travail devant le séchoir est trop petit (~10m2 de surface de plancher, séchoirs inclus)
- Le volume de ventilation (550 m3/h par caisson, qui passent à travers toutes les claies) est assez haut par rapport à ce que Pierre-Yves a vu ailleurs
- s’il y avait besoin de moduler la puissance de chauffe (peu utile tant que le caisson n°3 est inutilisé), il serait facile d’ajouter un second radiateur ou un robinet thermostatique.
- les claies ne sont pas assez hautes, il faudrait doubler les tasseaux actuels (section de 27 ou 34 mm)
Le coût d’entretien et d’utilisation sont faibles : les gazes doivent être changées de temps à autre (tous les 3-4 ans au moins si elles sont bouillies, tous les ans sinon) mais ne coûtent pas grand-chose, les équipements électriques fonctionnent quasi à 100% sur le photovoltaïque+batterie.
Quelques autres chiffres
- Capacité de plantes annuelle par caisson : 302 kg (fraiche) soit 33 kg de sec (ratio moyen de séchage = 4.5)
- Ratio volume de caisson sur surface totale de claie : 0.21 (cible 0.2 m3 pour 1 m² de claie)
Visite réalisée dans le cadre de notre projet de séchoir solaire autoconstruit.